Le plaisir retrouvé de se lever chaque matin... Coach Emploi


Lynchage numérique

"Veillez à votre e-réputation".. qu'ils disent


Il m'arrive tout comme vous, d'assister - de temps en temps - à un éclat d'humeur, un coup de gueule que l'un de mes contacts lance sur Facebook (essentiellement là du reste).

Bon, soit... rien de passionnant, une crise de calcaire entre une vidéo rigolote de chat qui tombe et une pétition pour Amnesty International… Habituel. 
Là où les choses se corsent, c'est quand ce coup de gueule commence à ressembler à un lynchage public pour une affaire de frustration mal digérée.

les stupides positions des influents du web
Mangez-le si vous voulez / Jean Teulé


Je vous dresse le tableau, mon "copain" (ne le cherchez pas, il ne l'est plus) sur Facebook publie le lien d'un commentaire qu'il a rédigé sur un site bien connu de réservation en ligne de gites ou chambres d'hôte. Le commentaire est terrible, accablant : il a été mal reçu et le monde (entier) doit le savoir. Tadam* 
Je comprends sa colère, je comprends son énervement… mais bon,  je ne comprends pas sa réaction publique. Mais alors pas du tout. 

Son post a suscité l'approbation d'un grand nombre de personnes, d'autres ont commenté, ne pouvant s'empêcher d'ajouter leur point de vue sur la qualité de l'accueil que l'autre avait reçu... "ouais, c'est bien fait pour eux ! t'as bien raison, ne te laisse pas faire !" Et là, les insultes pleuvent, ça part en vrille ironique et "cy(a)nique", les aubergistes sont rhabillés pour l'hiver.
Je n'ai pas pu m'en empêché, j'ai envoyé un mot - très court - d'indignation à son auteur (pas dans le sens de ce qu'il attendait puisque je lui ai écrit qu'il me semblait nettement moins élégant dans son attitude sur les réseaux que l'aubergiste dans son relatif mauvais accueil), il me répondit alors qu'il se "réserve le droit de ne pas se taire"…

Je tire au bazooka sur une mouche

Alors, allons un peu plus loin. Lorsque je lis les commentaires parfois haineux et radicaux en bas des articles, les commentaires politiques, "disruptifs", ou bien, lorsque j'assiste à un déferlement que je qualifie de violent, visant à critiquer telle institution, telle personne, je ne peux m'empêcher d'avoir en tête les images terribles d'une époque sombre où la vengeance se pratiquait en public, sans aucune retenue, le sourire tordu aux lèvres.
Personnellement, je vis ces commentaires de la même façon que lorsque je visionne des images de l'après-guerre ou lorsque je lis le très dérangeant "mangez le si vous voulez" de Jean Teulé. 
Je le vis d'autant plus mal lorsqu'il est initié par l'une de nos "élites" numériques, un influent nous bassinant de webinaires et de pigeonisme et qu'il se réjouit ouvertement lorsque son influence entraîne la chute de la note moyenne des aubergistes en question. Il a passé un sale week-end, une heure (que dis-je, 5 minutes) au total de mauvais accueil, le commerce de ces personnes est condamné pour les années à venir à subir le commentaire haineux. "Au nom de la transparence, à la liberté absolue d'expression, je tire au bazooka sur une mouche…."

Disproportion de la réaction

Ce qui me gêne, c'est la disproportion de la réaction. Disproportion que je retrouve très souvent dans ce cercle des élites (observez les levées de fonds ou les acquisitions récentes des stars du web), les engagements libéraux, l'uberisation bonne pour la santé des autres. 
En cherchant à utiliser son influence pour humilier la personne qui l'a mal accueilli, c'est l'humanité toute entière qui est humiliée. Je sais, j'ai une tendance à vivre les choses en grand, mais ce manque de classe, de culture aussi, ce déballage hystérique me heurte profondément. 
Je ne supporte pas. 

J'attends autre chose de ces entrepreneurs porte-parole du mouvement 2.0 (celui qui porte un nom d'oiseau à l'envers). J'attends de ces personnes si influentes de l'exemplarité, le sens de la mesure, de l'équité, de l'intelligence, un peu de hauteur, une forme d'élégance, de dignité et de panache (notion chère à Alexandre Jardin et ses drôles de zèbres)… de la culture, des références autres que Légo ou la Guerre des Étoiles. J'attends tout ce que je ne trouve plus... J'attends beaucoup d'eux ? Peut-être… Mais c'est à ce prix qu'ils me convaincront qu'en les suivant sur les chemins du code et de l'algorithme, nous sommes réellement sur la bonne voie, une voie utile et importante pour nous tous, pour le bien commun, parce que pour l'instant, j'en doute très sérieusement.

*ce billet s'applique à un nombre important - et disparate - de sujets : taxes, taxis, restaurants, politique, keynotes, le hug de machin, l'acquisition de truc …
NB merci à Hervé dont la transmission de cet article de la tribune a inspiré ce billet 

3 commentaires:

  1. Bon maintenant, je vais relire le billet précédent : "chausser ses lunettes roses" :)

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  2. Laure-Myriam Jouili17:23

    Qu'attendre de ces gens ?!
    Qui sont-ils ?!
    Inconnus hier, ils le seront demain ou sinon après-demain ...

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  3. Anonyme18:22

    ça tombe à pic à l'époque des starlettes de Cannes ^^

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