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Apprendre à se taire ou l'éloge du silence

Apprendre à se taire

Dans une société qui nous dicte incessamment de maîtriser son image et sa communication, j'encourage mes clients à tester le silence et à entrer en relation avec eux-mêmes. Avez-vous remarqué comme nous sommes abrutis de sons, de bruits, de verbiages, ce fameux brouhaha qui, parfois, nous éloigne de nous-même, tant la force et la répétition exprimées en font une injonction, un ordre moral : tu communiqueras et occuperas l'espace par tous les moyens, le silence témoigne de ton inexistence…

éloge du silence
Les options du silence

J'exagère à peine, le silence est interprété aujourd'hui, comme un mutisme social, comme une incapacité à se relier aux autres. Pourtant, ce silence qui est d'or, relève davantage de notre propre capacité à créer un équilibre, une maîtrise de soi, éloignant ou nous réconciliant avec le bruit intérieur, celui que l'on s'efforce à étouffer en gesticulant. Ce bruit intérieur se nommant le doute, le jugement, l'interprétation, j'en passe et des meilleurs !

Écouter le silence

Engagés dans une société excessive, la nuance semble s'effacer de notre jugement. Deux alternatives s'ouvrent alors : le néant du rien à exprimer et le brouhaha constant superficiel, blanc ou noir, rien d'autre. Ne croyez vous pas qu'un juste milieu, plus raisonnable peut-être, constitue une autre voie intéressante à explorer ? A l'heure de l'ouverture numérique et de la transparence systématique, abstenons nous de tout partager et créons au travers de la réflexion, du silence et de l'introspection, les conditions de rencontrer l'autre sans le transformer en spectateur passif de nos vies. Apprenons à ne plus déverser chez les autres tout ce surplus émotionnel dont on ne sait que faire puisque chaque instant nous rappelle combien "il faut" se méfier de ce que l'on est…

"Il faut cultiver notre jardin" disait Candide, j'ajouterais que l'observation, la compréhension et l'auto-compassion sont des attitudes utiles à cette activité. C'est probablement ce silence qui met en valeur le partage et la communication. Si je me tais plus souvent, alors la valeur de ce que j'exprime est supérieure car plus rare. Plutôt que de combler les silences par une fatigante gesticulation appelée communication, apprenons à les écouter, à les identifier, à les honorer pour s'encourager, s'apaiser, un peu comme nous rendons hommage à un défunt en observant une minute de silence…


Apprenons à nous rendre hommage par le silence.


En tant que coach emploi, j'utilise beaucoup le silence. Le silence a la vertu de ponctuer, d'amplifier parfois, il est pesant, plombé, mais il ouvre aussi ou permet à l'autre d'échanger, de recevoir, de comprendre. Il se laisse interpréter et devient généreux puisque chacun le vit comme il l'entend. Le silence est l'outil de communication par excellence, celui qui n'apporte pas de confusion par la superposition de paroles, par le respect instauré par ces intacts d'accueil, la qualité relationnelle s'exprime surtout par le silence qui rythme et apporte la profondeur que l'on recherche dans nos relations parfois superficielles. 

Enfin, le silence lorsqu'il n'exprime pas une résignation, c'est le regard que l'on pose sur son monde, à commencer par celui qui est en nous.
A quand remonte votre dernière conversation silencieuse ? 

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