Bon, je ne vais pas me faire que des copains mais je n'en peux plus d'entendre parler d'efficacité, de temps gagné, d'objectivé, de facilité, de justice et que sais-je encore, lorsque est évoqué le recrutement dit 2.0. Ce type de recrutement, je l'associe à un lent process de déshumanisation, nous écartant inéluctablement de valeurs sociales et de tout ce qui fait l'incroyable richesse humaine : notre fragilité, notre complexité et le fait que nous soyons engagés sur terre pour un temps indéterminé... et fini.
Pourquoi ce préambule ? Parce que je constate que tout élément subjectif lié aux émotions est impitoyablement écarté par les "évangélistes 2.0". Au nom d'une transparence, honnêteté à tout crin, les "apôtres" du recrutement déshumanisé, c'est-à-dire par t'chat, par Twitter en tout cas sans aucun contact de quelque nature que ce soit, favorisent la rationalité à tout prix, les préservant de toute émotion parce qu'une émotion, c'est sale, c'est trop humain. Une émotion vaudrait moins que le raisonnement... Ce dogme, malgré le 2.0 qui le qualifie est purement archaïque, un retour en arrière se drapant dans la coque technologique d'une modernité sans cesse dépassée, un dogme qui nous met en garde contre nous mêmes, vils êtres humains que nous sommes.
Cela ne vous rappelle rien ? Les textes religieux nous mettent en garde contre les émotions, contre l'égarement que pourrait constituer le corps et la cohorte d'émotions hormonales qu'il trimballe.. Le corps y est parfois haïssable, source de tentation... C'est pas bien, berk !
Je pense qu'il est grand temps de réintroduire l'émotion dans le recrutement et d'arrêter ce jeu de massacre, à coups de "talents" par ci, de recrutement mobile par là, d'application sur smartphone pour "se faire recruter où que l'on soit d'un simple clic", bref..., il est temps de se parler, de se rencontrer et de suivre enfin les recommandations du célèbre neurologue Antonio Damasio :" si nous rejetons les émotions qui nous relient très physiquement au monde, nous perdons la capacité de ressentir de l'empathie pour d'autres, c'est-à-dire l'essence même de ce qui fait l'être social". A ce titre, j'insiste sur l'importance de rencontrer vos pairs, notamment à l'occasion de séminaires ou de stages professionnels.
Par conséquent, plutôt que de continuer à mettre ces terribles distances électroniques entre recruteurs et recrutés, souvenons nous des récentes découvertes relatives à la neurologie et développons notre confiance en nous et confiance en l'autre en acceptant cette part complexe, liée aux émotions et aux sentiments, une part subjective, je le reconnais, car ces derniers marquent la véritable humanisation, celle là même que nous recherchons tant après avoir sombré dans les affres du manque de sens de nos engagements professionnels.
Au fait, pour Rifkin, la confiance, "c'est la conviction que les autres vont nous traiter comme une fin et non comme un moyen"... Ce serait pas mal d'essayer, non ? Bref, nous sommes abreuvés de contre vérités, scientifiques, celles là, et oui, un contact est nécessaire en recrutement, n'en déplaise aux vendeurs de tests d'aptitude ou logiciels de traitement de candidatures, raillant la célèbre poignée de mains... car ne sommes-nous pas d'abord un corps (avec ses émotions), à défaut de l'"avoir" comme on le dit si souvent ?